Lhistoriographie française a encore du mal à révéler la présence de populations Noires dans lhistoire du Moyen-Age français et européen.
Aussi, nous invitons les étudiants panafricains à suivre les voies du chercheur kamit Dieudonné Gnammankou car cette page de lhistoire africaine reste encore dans les sous-sols des musées européens (pour ne pas dire quelle reste encore "tabou").
En effet, on constate que les historiens occidentaux font souvent croire au public français que les premiers contacts entre les populations européennes et africaines remontent à peine à lépoque de lesclavage. Pourquoi un tel mensonge ?
En fait, lhistoriographie nous enseigne quil y a toujours eu des Noirs en France et en Europe et cela à toutes les époques. A la base, il est important de rappeler que les premiers Homo Sapiens Sapiens qui ont peuplé la France étaient des Noirs venus dAfrique, leur berceau de naissance. Tous les vestiges archéologiques de cette époque le prouvent.
Mais intéressons nous à la période historique allant de 700 à 1492 de notre ère. Au début du VIIIème siècle, des chevaliers noirs venus dAfrique ont envahi lEspagne, le Portugal et la France sous la houlette de troupes arabo-musulmanes. On retrouve encore leurs traces en Angleterre, en Allemagne et en Italie. Ce sont les fameux "Maures" voir les "Sarrazins".
Leur supériorité militaire et leurs nombreuses victoires ont impressionné les gens du moyen-age qui nous ont légué bon nombre de témoignages historiques sur leur présence et leurs hauts faits darmes. Cette présence a naturellement générée des familles mixtes et aujourdhui encore, beaucoup de familles françaises portent le nom de leur patriarche Noir en guise de nom de famille, bien quelles lignorent ou quelles le cachent [1]
Cest le cas des familles :
- Moraux,
- Morel,
- Morland,
- Nègre,
- Sarrazin,
- Sarrasin,
- Morand, etc...
...pour lesquelles les armoiries ancestrales laissent apparaître le visage dun ou plusieurs Noirs, fondateurs de leur famille. Le Noir figurant sur le drapeau de la Corse est encore une nouvelle illustration de leur présence dans la région.
Ces Africains vivaient en France, en Espagne, en Italie, en Angleterre et au Portugal où ils exerçaient le pouvoir dans certaines régions... Ils habitaient dans les châteaux forts ou dans les villes et vivaient en parfaite harmonie avec la population.
Cette présence Noire en Europe, étalée sur plusieurs siècles, va inspirer considérablement les poètes français du Moyen Age ainsi que bons nombres dartistes et dhistoriens qui vont nous laisser des témoignages de leur passage.
Dans lépopée "La chanson de Roland", enseignée dans les lycées français, les adversaires de Roland sont justement ces chevaliers Noirs menés par le roi Massile. Roland et son armée ont été vaincu par ces chevaliers Noirs. Beaucoup détudiants ne le savent pas. Sur une peinture du Moyen Age, cest dailleurs Massile qui porte la couronne royale.
En Angleterre, il existe aussi les épopées du Noir Morien, un jeune Maure qui a vraisemblablement vécu à lépoque du Roi Arthur. Il était dailleurs dusage à lépoque demployer le mot Maure pour dire Africain [2].
ILLUSTRATION RELATIVE A LA ROYAUTE ANGLAISE
Le puissant empereur Maure, Yusuf Ben Tachfin est dailleurs décrit comme un homme marron au cheveux crépus par un chroniqueur arabe.
Lexistence de ces vestiges historiques remet même en question la thèse disant que Charles Martel aurait totalement refoulé les Arabes et les Maures à Poitiers. Il sagirait plutôt dun traité de paix qui permettait à ceux qui le souhaitaient de rester pacifiquement dans la région (NB. Une historienne de Poitiers ma confirmé que la thèse disant que Charles Martel a refoulé les Arabes et les Maures à Poitiers nest pas la bonne. Elle confirme la thèse du traité de paix).
Voyons maintenant quelques témoignages dhistoriens français. A propos des civilisations africaines de la période impériale, le témoignage du français Fabre dOlivet (1767-1825), nous permet dapprécier la perception quavait lEurope des Noirs avant que la machine de lidéologique coloniale se mette en marche :
"La race noire que jappellerai toujours Sudéenne à cause de son origine équatoriale et par opposition à la race blanche que jai nommé Boréenne ; la race noire, dis-je, existait dans toute la pompe de lEtat social.
Elle couvrait lAfrique entière de nations puissantes émanées delle, possédait lArabie et avait poussé ses colonies sur toutes les côtes méridionales de lAsie et très en avant dans lintérieur des terres.
Une infinité de monuments qui portent encore le caractère africain, existent encore de nos jours dans tous ces parages et attestent de la grandeur des peuples auxquels ils ont appartenu. Les énormes constructions de Mahabalipouram, les cavernes dEllora, les temples dIsthakar, les remparts du Caucase, les pyramides de Memphis, les excavations de Thèbes et beaucoup dautres ouvrages que limagination étonnée attribue à des Géants, prouvent la longue existence de la Race Sudéenne et les immenses progrès quelle avait fait dans les arts" [1].
ALESSANDRO DEI MEDICI - DUC DE FLORENCE, FILS DE LEMPEREUR CHARLES V - SON PERE ETAIT LE PAPE CLEMENT VII DIT SOUVENT ALESSENDRO LE MAURE
Et, il poursuit en nous racontant comment sest déroulée larrivée de ces chevaliers noirs en Espagne et en France, via le détroit de Gibraltar :
"Dans ce temps-là, la race noire, que jappellerai toujours sudéenne à cause de son origine équatoriale et par opposition à la race blanche que jai nommée boréenne ; la race noire dis-je, existait dans toute la pompe de lEtat social. Elle couvrait lAfrique de nations puissantes (...) La race sudéenne très puissante et très répandue en Afrique et dans le midi de lAsie, ne connaissaient quimparfaitement encore les contrées septentrionales de cette partie du monde et navait de lEurope quune très vague idée (...)
Les hommes blancs aperçurent pour la première fois, à la lueur de leurs forêts incendiées, des hommes dune couleur différente de la leur. mais cette différence ne les frappa pas seule. Ces hommes couverts dhabits extraordinaires, de cuirasses resplendissantes, maniaient avec adresse des armes redoutables, inconnues dans ces régions. Ils avaient une cavalerie nombreuses ; ils combattaient sur des chars et jusque sur des tours formidables qui savançant comme des colosses, lançaient la mort de tous les côtés. Le premier mouvement fut pour la stupeur. Quelques femmes blanches dont ces étrangers semparèrent et dont ils cherchèrent à capter la bienveillance, ne furent pas difficiles à séduire. Elles étaient trop malheureuses dans leur propre patrie pour en avoir nourri lamour.
De retour dans leurs tanières, elles montrèrent les colliers brillants, les étoffes délicates et agréablement nuancées quelles avaient reçus. Il nen fallut pas davantage pour monter la tête de toutes les autres. Un grand nombre profitant des ombres de la nuit, senfuit et alla rejoindre les nouveaux venus. Les pères, les maris nécoutant que leur ressentiment, saisirent leurs faibles armes et savancèrent pour réclamer leurs filles ou leurs épouses. On avait prévu leur mouvement ; on les attendait. Le combat engagé, lissue nen fut pas douteuse. Plusieurs furent tués, un plus grand nombre demeura prisonnier ; le reste prit la fuite ".
ANNA - MERE DALESSANDRO DEI MEDICI
Dautres témoignages dhistoriens, reprennent les éléments de ce récit en apportant des compléments dinformation [2] :
"Les Blancs venait dêtre éveillée par les attaques des Noirs qui commençait à lenvahir par le sud de lEurope. Lutte inégale au début.
Les Blancs, à demi-sauvages, sortant de leurs forêts et de leurs habitations lacustres, navaient dautres ressources que leurs arcs, leurs lances et leurs flèches aux points de pierre.
Les Noirs avaient des armes de fer, des armures dairain, toute les ressources dune civilisation industrieuse et leurs cités cyclopéennes. Ecrasés au premier choc (...) Le salut des Blancs, ce furent leurs forêts où comme des fauves ils pouvaient se cacher pour en rebondir au moment propice"
COURS ROYALE MAURE EN EUROPE - DATE : 1400
Ces témoignages peuvent surprendre qu moins ceux qui ignorent que les grands empires de lAfrique impériale étaient gardés par une chevalerie puissante.
Il est même possible de constater facilement que les habits des chevaliers africains sont quasiment identiques à ceux des chevaliers européens. Prenons par exemple les chevaliers de lEmpire Moro Naba du Burkina Faso. Leurs lances (rouge et blanche), la plume doie sur le casque, les habits, les gilets à cottes de mailles, le carapaçon qui recouvre les chevaux, etc..., tout ressemble aux chevaliers européens, ce qui semble accréditer la thèse de la tradition historique faisant remonter le Moyen Age chevaleresque européen à des invasions africaines ancestrales.
Un ouvrage historique consacré en partie aux habits des chevaliers africains, nous confirme dailleurs que :
"Jusquau XIXème siècle, la grosse cavalerie des Foulbés ou Peuls était équipée de cuirasses ou de cottes de mailles sous des manteaux matelassés.
Par la suite, les manteaux comme les cuirasses métalliques ne furent plus réservées quaux cérémonies (...) dans la grosse cavalerie, la cuirasse (comme celle des romains) remplaçait la cotte de mailles et offrait contre les flèches et les pointes une protection sans doute meilleure que les vêtements utilisés par les Mossis du Burkina Faso.
Le cavalier Foulbé était quelque peu handicapé par la lourdeur de son armure qui lobligeait, en cas de chute, à demander de laide pour se remettre en selle" [3].
Ce nest un secret pour personne, que cette conquête arabo-musulmanne et Noire (Maure/Sarrazin) a permis à lEurope de découvrir dinnombrables connaissances scientifiques connues alors seulement en Orient, en Afrique et en Asie à une époque où elle avait sombré dans la nuit noire de la réflexion intellectuelle (après la chute de Rome).
Les secrets de la poudre à canon, la médecine, les mathématiques, lastronomie, la navigation, les textes grecs, etc..., lEurope les doit à ces conquérants.
Les premières Universités européennes ont dailleurs été fondées par ces gens. Avant eux, personne ne connaissait même une école maternelle en France et on vous parle de Charlemagne qui a introduit lécole!
Cest donc la traduction de ces documents arabes, qui permit à lEurope de redécouvrir son passé. La puissance du savoir scientifique oriental est encore attesté par le fait que lEspagne et le Portugal, qui ont connu la plus longue occupation de ces conquérants, après avoir assimilé leurs savoirs et les avoir chassé, devinrent dès la fin du 15ème siècle, les premières puissances européennes.
Le politicien Philippe Seguin disait à ce sujet en 2003 dans la presse, que son professeur, lhistorien français Georges Duby reconnaissait la puissance intellectuelle de la civilisation musulmane (à lorigine de la montée en puissance des royaumes du Portugal et de lEspagne), en affirmant que si les troupes arabes (composées de noirs Sarrazins ou Maures), étaient restées en Europe plus longtemps, la Renaissance aurait eu lieu 3 à 4 siècles plus tôt.
MASSIF DES MAURES EXTRAIT DU LIBERATION DU 30 JUILLET 2003
En conclusion, il est important pour la jeunesse panafricaine de revisiter lhistoire de lhumanité, afin den dégager et de valoriser, les traces des faits africains.
Pour poursuivre avec lanalyse historique de Nubian, que nous remercions en passant, cliquez ici :
[1] Cf. Histoire du genre humain, Fabre dOlivet 1767-1825
[2] Cf. Les Grands initiés ou Nation Nègre et Culture de C. A Diop
[3] Cf. Terres et peuples dAfrique, éd. Gallimard
[1] Documentation iconographique : Pr Ivan Van sertima, "Golden age of the Moors" et "African presence in early Europe". Le professeur Ivan Van sertiman enseigne à luniversité de Rutgers aux USA. Diplômé de lUniversité de Londres, il dirige la revue Journal of African Civilization.
[2] Cf. William Shakespeare, Christopher Marlowe, etc...